Le continuum vie-mort-vie

Halloween, el Dia de los muertos, la Toussaint…

Nous voici dans cette période de l’année durant laquelle diverses cultures célèbrent la mort et les morts, s’en moquent, les honorent ou tout à la fois. Pourtant la mort est un sujet qu’on évite souvent. C’est dommage. Comme le dit si justement Adyashanti,

Parce que nos associations avec la mort sont totalement négatives, nous ne voyons pas que la mort fait partie intrinsèque de la vie.

Au-delà de la dimension physique, la mort peut être perçue comme une transition d'un état à un autre, d’un moment à un autre. Nous vivons ce genre de mort quotidiennement d’ailleurs ! En effet, chaque instant apporte avec lui son mélange unique de pensées, d’émotions, de sensations physiques ou stimuli sensoriels, mais ça ne dure jamais longtemps. C’est d’ailleurs le propre de la vie, d'être en mouvement perpétuel. On pourrait donc dire que la vie n’est faite que de moments qui meurent aussi rapidement qu’ils sont nés. Haha ! C’est peut-être ça dont parle Adyashanti…

Unique et éphémère

Cet entrelacement de vie et de mort est évident dans l’acte de respirer. Chaque respiration, inspirée ou expirée, n'existe que pendant une durée très courte, laissant rapidement place à la respiration suivante, elle-même tout aussi éphémère que la précédente. De plus, chaque respiration est un mélange unique d’oxygène, d’azote, de dioxyde de carbone, de particules de poussière et bien plus encore. En d’autres termes, chaque respiration est une respiration que nous n’avons jamais prise auparavant et que nous ne reprendrons plus jamais.

Wow. Une prise de conscience qui pourrait vraiment impacter la façon dont vous respirer, non ?!

Observer de plus près

Nos postures de yoga offrent également d’excellentes occasions d’apprécier la nature éphémère de la vie. En effet, même si leur pratique est répétitive, il est impossible d'en faire deux expériences identiques. Comment pourrait-il en être autrement ? Nous ne sommes jamais exactement dans le même état à chaque pratique, que ce soit physiquement, mentalement ou émotionnellement, ce qui par définition doit se traduire par un ressenti unique à chaque fois. Et si cela ne vous semble pas le cas, je vous invite à observer de plus près la prochaine fois :-)

Car c'est de ça qu'il s'agit… Observer de plus près.

Voir ce qui est vraiment

Quand les choses semblent être les mêmes jour après jour, le problème n’est pas la vie, tellement changeante, le problème c’est nous ! C’est le regard que nous portons sur ces instants qui se fondent l’un dans l’autre, qui naissent et qui meurent sans fin, pour donner forme à notre existence. Un regard qui regarde sans vraiment voir, un regard distrait ; un regard plein de passé, de regrets ; un regard plein de futur, d'angoisse ; un regard conditionné, qui croit déjà savoir, un regard empreint de cérébralité, de croyances limitantes. C’est un regard qui croit voir mais qui rate beaucoup, sinon tout.

Vivre chaque moment à neuf

Et si nous aiguisions notre capacité d'observation en mettant de côté (autant que possible, je sais que ce n'est pas toujours facile) nos préjugés, hypothèses et croyances, afin de mieux déceler les nuances, les subtilités, les fluctuations des moments de notre vie ? Cette exploration consiste à cultiver l'esprit du débutant comme dirait Shunryu Suzuki, un moine et professeur bouddhiste zen. C’est voir, faire, boire, manger, respirer, entendre… comme si vous n’aviez jamais vu, fait, bu, mangé, respiré, entendu…

Traitez chaque instant comme le dernier. Ce n’est pas une préparation à autre chose.
— Shunryu Suzuki

Je dirais même, traitons chaque instant comme le dernier car c'est le dernier ! Chaque instant, et par extension chaque interaction, câlin, repas, promenade, dispute, cours de yoga etc., ne peut être vécu qu'une seule fois. Cette façon de vivre éveille naturellement en nous une grande capacité à accueillir et à savourer pleinement ce qui est là, quand c’est là. Et tout autant, une grande capacité à laisser mourir chaque instant ! Pour faire place au prochain. L'auteure et psychanalyste Clarissa Pinkola Estés (Femmes qui courent avec les loups, 1992) appelle ce phénomène le continuum vie-mort-vie. J'aime beaucoup cette expression, comme si les deux étaient destinés à danser ensemble pour l'éternité....

Belles réflexions à tous et à toutes,

Sylvie